
Après plusieurs années de promotion de l’agroécologie au travers de diverses organisations en Suisse et en Afrique, je constate que le mouvement ne faiblit pas. Au contraire, ce qui était encore anecdotique il y a une dizaine d’années, devient vraiment « mainstream » aujourd’hui. Il suffit de voir les nouveaux portails de la FAO (http://www.fao.org/agroecology/fr ) et l’intiative 4 pour mille (https://www.4p1000.org/fr ) pour s’en convaincre.
Tout cela est réjouissant. Enfin, il semble que la vision d’une autre agriculture, qu’elle soit bio, agroécologique ou permaculturelle semble progresser de façon solide, jusqu’à influencer les politiques publiques. Enfin, on donne la parole aux tenants d’une autre agriculture réconciliée avec la terre et remettant le paysan au centre. https://www.terrenature.ch/lagroecologie-evitera-que-notre-agriculture-ne-cree-le-desert/
Au niveau de la coopération internationale, je milite dans le cercle des ONG pour la promotion d’une autre agriculture, réconciliée avec la terre, ce qui n’est pas forcément facile, nombreux sont ceux qui pensent que c’est déjà chose faite. Au Sud, on pensait qu’il suffisait de réhabiliter les pratiques traditionnelles pour que l’agriculture devienne durable, ce qui n’est souvent pas le cas, vu les changements rapides (climatiques, entre autres) auxquels les populations doivent faire face. Ici en Europe, en Suisse, on argumentait en disant que presque tous les producteurs pratiquent déjà la production intégrée, qui est plus ou moins semblable à la production bio, ou même meilleure, ai-je entendu. Là aussi, ce sont des idées reçues, non seulement la production intégrée va moins loin que la production bio, au niveau de la durabilité, mais elle reste souvent marqué par l’idée de « traiter seulement quand c’est nécessaire », qui est bien-sûr un progrès par rapport aux traitements systématiques, mais loin de viser l’équilibre de la parcelle et du terroir (et qui est possible, de nombreux exemples le prouvent).
Bref, comme dans d’autres domaines, ce n’est pas « du haut » que viendront les impulsions les plus fortes, mais « du bas », donc de la population, que ce soient les consommateurs ou les producteurs. Cette différence même pourrait à l’avenir s’estomper, si tous les consommateurs devenaient aussi un tout petit peu producteurs, même en ville…