Message donné au centre œcuménique de Froideville, le 22 février 2015
Méditation sur le Psaume 104 (1 à 24) et Romains 8 (18 à 23)
Chers amis, Dieu est là. Dieu n’est pas parti. Certains ont décrit Dieu comme un grand horloger, celui qui a mis en route l’univers. D’autres chantent que Dieu dit « Je vais aller m’asseoir sur le rebord du monde voir ce que les hommes en ont fait ». Images d’un Dieu extérieur à notre vie, hors de notre monde, absent de la Création.
Ce que nous avons lu dans le Psaume 104 est un peu différent.
- Il conduit les sources
- Il arrose les montagnes
- La terre est rassasiée de fruit de ses œuvres
- Il fait pousser l’herbe pour les bêtes
- Les arbres du Seigneur sont rassasiés
- Le soleil sait quand il doit se coucher
- Les jeunes lions demandent à Dieu leur nourriture
- Et tout à la fin… l’homme sort pour se rendre à son ouvrage et à son travail jusqu’au soir.
- Seigneur, la terre est remplie de tout ce que tu as produit.
La terre est remplie de Dieu, la création est pleine de Sa présence. Personnellement, j’ai parfois de la peine à entrer en adoration dans un bâtiment d’église, on est parfois distrait par certains éléments de construction, mais avez-vous déjà adoré Dieu dans la nature ? Ce que j’aime bien faire en été, c’est me coucher sous un arbre et regarder son feuillage, oscillant au vent. Là je suis vraiment dans l’émerveillement, dans l’adoration. Ensuite j’enlève mes lunettes, et comme je suis très myope, le feuillage devient même une peinture impressionniste vivante…
La création célèbre la gloire de Dieu. Oui, nous reconnaissons que Dieu est présent dans sa création. C’est lui qui fait pousser les plantes que l’homme cultive, pour tirer le pain de la terre (v.14) C’est la vision que nous portons au SECAAR, l’agriculture n’est pas juste une activité économique, mais les paysans sont les amis de Dieu et ses collaborateurs pour magnifier la nature et faire sortir le pain de la terre et le vin qui réjouit le cœur de l’homme (v.15).
C’est merveilleux, n’est-ce pas ? L’être humain et Dieu qui font la fête et sont partenaires pour créer de l’abondance et de la beauté, dans la paix et l’harmonie.
Est-ce vraiment ce que nous vivons ? En partie, oui, mais en partie seulement. Car la création souffre, elle est dans les douleurs, elle gémit. C’est notre deuxième texte. Paul nous dit dans son épître aux Romains qu’elle est esclave de forces qui la détruisent. Quelle contraste : la voilà qui grimace, pleure, crie, n’en peut plus…
Je n’ai pas besoin de vous faire un dessin. Nous savons tous à quel point la création souffre. Que ce soit dans les océans, dans l’air, sur la terre, dans les fleuves, ces forces de destruction sont partout. Les plantes souffrent, les animaux souffrent et bien-sûr les humains souffrent. Où est l’harmonie qui était célébrée dans le Psaume 104 ? Aujourd’hui encore, alors que la production agricole de la planète pourrait nourrir 12 milliards d’êtres humains, près d’un milliard de personnes souffrent de la faim. Une personne meurt de faim toutes les 4 secondes.
Quand s’arrêtera cette souffrance ? Le verset 22 parle des douleurs de l’accouchement, cela signifie donc bien que quelque chose va naître. Quoi donc ? Une nouvelle terre où la justice habitera. Cette harmonie, ce que nous avons lu dans le Psaume, c’est bien le projet de Dieu et cela viendra.
Faut-il donc simplement attendre et faire le dos rond, supporter patiemment cette souffrance, rester au lit, comme quand on est malade ?
La Bible parle effectivement d’attendre avec persévérance, mais pas du tout de manière passive. Jésus a dit que son Royaume était déjà là. La Création attend que nous nous mettions à mettre cela en pratique. Comment ? Nous pouvons tous faire reculer les forces de destruction. Chaque parole d’amour, chaque acte juste, chaque geste de compassion font reculer le mal et l’injustice.
Pour la création, qu’est-ce que cela signifie ? La création attend que les enfants de Dieu se révèlent, qu’ils sortent de leur cachette, pour faire quoi ? Pour entrer en relation avec elle sans la détruire, pour vivre en harmonie avec elle. Pour nous au SECAAR, cela signifie vivre une autre relation avec la terre. Cela signifie nous réveiller et nous mettre à traiter la terre avec respect, avec amour, elle qui a été créée par Dieu, qui continue d’être habitée par Sa présence. Concrètement, cela signifie que nous n’allons plus utiliser des produits chimiques qui détruisent la vie du sol, la micro-faune et les micro-organismes qui nourrissent les racines, qui créent l’humus qui rend le sol fertile. Nous n’allons plus utiliser des charrues profondes qui détruisent la structure du sol et provoquent l’érosion. Nous n’allons plus laisser le sol nu pendant des mois, brûlé par le soleil jusqu’à ce qu’il soit cuit et que toute vie ait disparu de sa surface. Toute l’agriculture doit être repensée à cette lumière. Le travail de l’agriculteur va consister à collaborer avec les autres êtres vivants pour produire de la nourriture sans mettre en danger l’équilibre de l’écosystème. C’est ce que nous essayons modestement de faire. Vivre déjà aujourd’hui cette nouvelle terre promise. Nous associons différentes plantes dans les espaces cultivés, utilisons des engrais organiques, ajoutons des arbres dans les champs, couvrons le sol pour le protéger, etc.
Cette nouvelle vie commence par notre relation au sol, cela continue par nos relations avec les plantes, les animaux, ensuite bien-sûr par nos relations les uns avec les autres, mais aussi notre relation à nous-mêmes, nous qui sommes créés à l’image de Dieu et finalement c’est notre relation avec le Créateur qui est restaurée.
Que le Tout-Puissant nous aide dans notre faiblesse et que son Règne de justice et de paix s’établisse.
Amen !